8,6 milliards d’euros. Ce chiffre, brut, résume à lui seul la vitalité retrouvée des SCPI en 2019. Le secteur a avancé sans détour, accumulant les records et redessinant la carte de l’investissement immobilier collectif. Mais derrière cette performance, ce sont aussi les lignes de force d’un marché en pleine mutation qui se dessinent.
Le marché des SCPI en 2019 : une année de tous les records
Pour les sociétés civiles de placement immobilier, 2019 n’a pas simplement confirmé la tendance : elle l’a propulsée à un niveau inédit. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 8,6 milliards d’euros collectés sur douze mois, soit une hausse de 68 % par rapport à 2018, et 36 % de plus qu’en 2017. Après un trou d’air l’an passé, la dynamique a repris de plus belle, portée par un engouement qui ne se dément pas.
Ce flux massif n’est pas resté inerte sur les comptes en banque. L’argent levé a été immédiatement investi, avec 9,2 milliards d’euros d’acquisitions réalisées sur l’année, marquant une progression de 48 %. Les SCPI ont donc joué leur rôle : transformer la collecte en actifs concrets.
Pour comprendre comment ces fonds ont été alloués, il suffit d’examiner la répartition sectorielle des achats :
- Bureaux : 63 % des investissements, ce qui confirme le poids écrasant de cette catégorie dans le paysage des SCPI.
- Commerces : 12 %, un segment qui conserve son attrait malgré les interrogations sur l’avenir du retail.
- Santé, EHPAD et résidences seniors : 10 %, reflet d’une sensibilité accrue aux enjeux démographiques et sociétaux.
- Logistique et locaux d’activité : 6 %, une part en croissance, tirée par le boom du e-commerce et la réorganisation des chaînes d’approvisionnement.
- Hôtellerie : 4 %, malgré un contexte parfois chahuté, le secteur continue d’attirer les investisseurs à la recherche de diversification.
- Divers : 5 % (logement, crèches, locaux mixtes…), preuve que les SCPI explorent aussi des pistes périphériques pour étoffer leur portefeuille.
Côté géographie, la stratégie reste claire : l’Ile-de-France concentre 48 % des investissements (dont 10 % à Paris intra-muros), suivie par l’étranger (28 %), avec une préférence nette pour l’Allemagne et les pays du Benelux, puis les autres régions françaises (24 %).
Fait marquant : les SCPI n’ont pas hésité à se séparer de certains actifs jugés moins stratégiques, cédant pour 1,7 milliard d’euros de biens (soit le double de l’année précédente). Le mouvement a surtout concerné les bureaux franciliens hors Paris, qui représentent 79 % de ces arbitrages.
SCPI : des performances qui tiennent la route
Le rendement moyen distribué par les SCPI a progressé à 4,4 % (contre 4,34 % en 2018). Ce taux, déjà solide, devient particulièrement attractif lorsqu’on le compare à la rémunération des obligations d’État à 10 ans : l’écart s’élargit à 480 points de base, donnant aux investisseurs une prime de risque appréciable.
La dynamique ne se limite pas au rendement. La valeur de reconstitution moyenne des parts (le fameux prix de part) a également évolué positivement, avec une hausse de 1,2 % (0,8 % en 2018). Les porteurs profitent ainsi d’une progression du capital en plus des revenus versés.
En scrutant les performances par catégorie, on observe quelques nuances intéressantes :
- Les SCPI de bureaux affichent un rendement de 4,28 %, en légère progression par rapport à l’an dernier.
- Les SCPI commerciales font encore mieux, avec 4,42 %.
- Les SCPI diversifiées survolent le marché, culminant à 5,03 %, un niveau supérieur à la moyenne générale.
Cette diversité de profils permet aux investisseurs de piloter leur exposition selon leur appétence pour le risque et leur horizon de placement. Certains privilégient la stabilité éprouvée des bureaux, d’autres misent sur la croissance des secteurs émergents comme la santé ou la logistique.
Une chose est sûre : la SCPI confirme son statut de valeur-refuge, mais aussi de terrain d’innovation, où les stratégies évoluent pour suivre les grandes transformations économiques et sociétales. À l’heure où beaucoup d’actifs patinent, l’immobilier collectif continue de tracer sa route, imperturbable, à la croisée de la sécurité et de l’audace. Le paysage d’investissement de 2020 s’annonce plus ouvert que jamais, à chacun de saisir le virage, ou de rester à quai.

