Aucune statistique ne vient imposer l’amortissement comptable à tous les propriétaires de biens loués en meublé non professionnel. Pourtant, ce mécanisme fiscal a le pouvoir de faire fondre l’assiette imposable, à condition de s’y plier avec méthode. Entre opportunité et liberté, la décision revient à chaque investisseur.
Le régime réel autorise cet outil, mais il ne s’improvise pas : tout repose sur des règles précises, un mode d’emploi sans faille. Durée, répartition, éléments concernés… L’amortissement se pratique dans un cadre balisé. Impossible de creuser artificiellement un déficit : la fiscalité veille au grain.
L’amortissement en immobilier locatif : de quoi parle-t-on vraiment ?
L’amortissement immobilier n’est pas qu’un mot de plus dans le lexique des propriétaires : c’est une stratégie. Ce principe consiste à répartir le coût d’acquisition du bien, terrain exclu, sur plusieurs années d’utilisation. On parle, selon les cas, de 20 à 40 ans pour le bâti, et de quelques années seulement pour le mobilier et les équipements, usure oblige. Objectif affiché : traduire la valeur qui s’effrite avec le temps et inscrire chaque année une charge déductible.
Tout démarre à la mise en service du bien. Dès lors, chaque fin d’exercice voit une fraction du montant à amortir diminuer le bénéfice fiscal. Le terrain n’entre jamais dans ce calcul. Seuls l’immeuble, les équipements, le mobilier et certains travaux de rénovation sont pris en compte. Et pour le mobilier, la période d’amortissement s’étale souvent de 5 à 10 ans.
L’amortissement ne concerne pas uniquement les murs : chaque composant, de la toiture à la literie, a sa propre durée, toujours selon le rythme de son vieillissement. Ce mécanisme permet ainsi de réduire la base imposable en déduisant chaque année la part estimée de la perte de valeur subie par le bien.
Quelques points méritent d’être retenus pour bien cerner la portée de ce mécanisme :
- Amortissement immobilier : prend en compte l’immeuble, les équipements, le mobilier et les travaux de rénovation.
- Terrain : jamais concerné par l’amortissement.
- Durée d’amortissement : varie en fonction de la catégorie (de 20 à 40 ans pour l’immobilier, de 5 à 10 ans pour le mobilier).
Maîtriser l’amortissement, c’est faire rimer fiscalité et réalité patrimoniale. Cela suppose méthode et logique dans le choix des durées, sans jamais céder à l’approximation.
Est-il obligatoire d’amortir un bien en LMNP ? Ce que dit la réglementation
La location meublée non professionnelle (LMNP) plaît notamment pour la latitude qu’elle accorde au propriétaire en matière fiscale. Contrairement à la SCI à l’IS, où l’amortissement s’applique systématiquement, tout le monde n’a pas à utiliser ce levier en LMNP. Sous le régime réel, l’investisseur peut choisir d’amortir ou non. Rien d’automatique, aucune contrainte. Le régime micro-BIC, lui, ignore ce jeu et opte directement pour un abattement simple et sans subtilité.
Dans les faits, l’amortissement LMNP s’opère sur un pourcentage précis de la valeur du bien (hors terrain) : entre 80 % et 90 %, à répartir sur une vingtaine d’années au minimum, jusqu’à quarante ans selon la structure. Pour le mobilier et les équipements, on reste souvent sur une fourchette de 5 à 10 ans. Là encore, le terrain reste inamovible, hors de tout calcul, selon la doctrine fiscale.
L’entrée dans le régime réel suppose une demande formelle lors de la déclaration d’activité ou dans les délais impartis. Le choix porté, on ne revient pas sur la règle : la part d’amortissement non déduite sur l’année se reporte sur l’avenir, sans échéance, mais ne vient jamais s’imputer au revenu global.
Pour distinguer clairement les régimes, un résumé s’impose :
- Régime réel LMNP : L’amortissement est à la main de l’investisseur sur simple demande ; très efficace pour modérer la fiscalité.
- Régime micro-BIC : Pas d’amortissement ; application directe d’un abattement forfaitaire.
- SCI à l’IS : L’amortissement s’applique de plein droit, il structure la détermination du résultat.
- SCI à l’IR : Pas d’amortissement possible (hors dispositifs très spécifiques).
D’un statut à l’autre, les possibilités d’amortissement varient du tout au rien. Ce choix de régime va orienter durablement la trajectoire fiscale de chaque projet locatif.
Calcul, durée, éléments concernés : comment fonctionne l’amortissement en pratique
Dans la réalité, l’amortissement immobilier prend le plus souvent la forme d’une répartition linéaire : le montant à amortir, terrain exclu, est étalé à parts égales pendant la période de référence. Typiquement, un appartement meublé sera amorti sur 25, 30 ou 40 ans. Le mobilier, quant à lui, suit une vie beaucoup plus courte : cinq à dix ans la plupart du temps.
Certains investisseurs choisissent la méthode par composants pour plus de finesse. Le bien est alors découpé en éléments distincts : toiture, chauffage, ascenseur… Chacun d’eux possède son propre rythme d’amortissement. S’agissant des travaux de rénovation, la durée varie de 10 à 30 ans selon la nature des opérations. Dans tous les cas, le terrain n’entre jamais dans le calcul.
Une règle phare encadre le dispositif : la dotation annuelle à l’amortissement ne doit pas dépasser le montant des loyers une fois les autres charges retirées. Si une partie de l’amortissement est inutilisable une année, elle est reportée, sans fin de validité. C’est un atout solide pour ceux qui misent sur le régime LMNP. Être accompagné par un expert-comptable ou utiliser des logiciels de gestion spécialisés reste souvent la meilleure solution pour s’épargner d’éventuelles erreurs.
Voici un repère sur les durées d’amortissement selon la catégorie concernée :
- Bien immobilier (hors terrain) : durée d’amortissement de 20 à 40 ans
- Meubles et équipements : durée estimée de 5 à 10 ans
- Travaux de rénovation : de 10 à 30 ans selon leur nature
L’amortissement débute dès la mise en service du bien. Une application régulière et une documentation bien tenue sont vos meilleurs alliés en cas de contrôle fiscal.
Comprendre l’impact fiscal et anticiper ses choix grâce à la simulation
L’amortissement immobilier bouleverse la donne fiscale, autant pour la location meublée que pour la société à l’IS. À chaque exercice, la déclaration fiscale doit intégrer le montant des amortissements, ce qui réduit d’autant le bénéfice imposable. Les exploitants sous LMNP constatent souvent une forte réduction de la fiscalité sur leurs revenus locatifs, parfois même pendant plus d’une décennie. Tester différents scénarios devient alors stratégique : on peut jouer sur la durée d’amortissement, le partage entre immobilier, mobilier, travaux, et mesurer à l’avance le gain fiscal attendu.
Néanmoins, depuis 2025, une nouvelle règle s’applique : il faut désormais réintégrer les amortissements déduits lors du calcul de la plus-value immobilière en cas de revente. Cela modifie la somme imposable, rendant la sortie potentiellement plus onéreuse qu’auparavant. Pour les propriétaires via une SCI à l’IS, la plus-value se mesure entre la valeur de cession et la valeur nette comptable, amortissements déduits. Ce changement peut nettement transformer l’équation finale.
Réaliser des simulations, c’est éviter les mauvaises surprises fiscales. C’est aussi l’occasion d’intégrer le paramètre de l’abattement pour durée de détention : après 22 ans, l’exonération est acquise pour l’impôt sur la plus-value, et au bout de 30 ans pour les prélèvements sociaux. La durée de détention, le type de montage et la nature de l’acquisition font toute la différence au bout du compte. Prendre le temps de prévoir, de modéliser et de se faire conseiller, c’est la meilleure assurance pour optimiser son projet locatif… et préserver sa sérénité d’investisseur.

